Pèlerinage au Musée des Civilisations Noires de Dakar

Yvon Edoumou
3 min readAug 4, 2019

Après une tentative ratée qui m’aurait vu m’installer à Dakar cette semaine, ce n’était qu’une question de temps que j’y retourne cette année. Jusqu’à lors 2019 a été riche en voyage, mais ces 5 jours passés à Dakar en cette fin de juillet resteront mémorables. J’ai re-marché sur mes pas, refait les choses et visité les lieux auquels je m’étais habitué: fruits de mer à la Pointe des Almadies, petite prière à la Cathédrale au Plateau, marcher (et résister la tentation d’acheter) dans le marché de Sandanga, prendre un taxi sans destination précise, marcher sur la Corniche. Cependant la grande différence du temps où j’habitais Dakar, le Musée des Civilisations Noires de Dakar, inauguré en décembre 2018, n’existait pas.

Le Musée était dans le “pipeline” depuis le Festival Mondial des Arts Nègres de 1966. Lorsqu’il voit le jour en décembre 2018, beaucoup de fierté mais aussi des questions telles que “pourquoi un musée des civilisations noires”, au lieu d’un musée des civilisations tout court ? Faux débat!

Installation de Ciwara, Mali, au Musée des Civilisations Noires de Dakar. Photo: MALABO/Y. Edoumou

Alors ce dimanche 28 juillet, si je ne fais rien d’autre de ma journée, je dois voir ce musée avant que je ne sois plus maître de mon programme durant le reste de mon séjour. Le Musée ouvre à 10 heures, 10h30 j’y étais, une petite marché de 15 minutes depuis mon hôtel, à travers les ruelle aux noms bien français de l’ancienne capitale coloniale. Ticket d’entrée: 2,000 francs CFA- moins cher qu’un Expresso.

Images de Leila Adjovi, lauréate de la Biennale de Dakar en 2018. MALABO/ Y. Edoumou

Comme un fan du Barça qui foule pour la première fois Camp Nou, comme un alpiniste qui fait son ascension sur le Mont Everest, fier et content je l’étais de fouler cet endroit chargé d’histoire. Dès l’entrée, les premiers humains, “Lucy”, les gravures rupestres. Au deuxième niveau, plus contemporain.

Mais ce dimanche, très peu de visiteurs. Une femme avec deux filles, un groupe de touristes étrangers, un jeune homme qui me demande de lui prendre en photo devant une des oeuvres, bref ça ne grouille pas de monde. Pourquoi si peu de visiteurs? Je me disais qu’actuellement des milliers de gens, notamment Africains, font la queue pour accéder au Musée du Louvres. J’ai peut être choisi un mauvais jour. Il serait dommage que ce lieu n’ait pas plus d’attrait pour les familles, écoles, lycées, universités du pays et de la région.

Une des installations les plus intéressantes est celle de produits de beauté servant à se dépigmenter. La guide expliquait aux enfants que ces produits sont dangereux pour la santé et le musée les avait mis ici pour faire comprendre aux visiteurs que les Noirs, même s’ils se dépigmentent, restent noirs.

MALABO/ Y. Edoumou

Deux heures plus tard, c’était fini. Un peu trop vite. Je crois que le Musée n’a pas atteint sa capacité car il y a encore de l’espace pour exposer des centaines d’autres oeuvres et créations. Pour l’histoire, pour l’art et la culture, pour Cheick Anta Diop, Cabral, Nkrumah et tous les autres, pour Marcus Garvey et le Black Star Movement, pour le mouvement “black is beautiful”, pour Toussaint L’Ouverture, Barack Obama, pour Cuba, Bresil et toute la diaspora noire, pour la psychologie noire, pour les nappy, pour la colonisation mentale, pour tout ça et bien d’autres encore, Jërëjëf !

[Bon ça n’a tardé, deux jours plus tard, j’étais de retour au Musée..pour un autre événement]

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