No, not Made in Lagos!

Yvon Edoumou
3 min readNov 27, 2020

Début novembre, après un dîner entre collègues, je décide de marcher dans les rues du Plateau à Dakar…le Plateau a sommeil. Pas moi. Téléphone en main, écouteurs sound proof dans mes oreilles, play sur Made in Lagos.

Made in Lagos, c’est la dernière création de Wizkid. 14 titres, 52 minutes. Il est 23 heures.

Deux heures plus tard- donc après deux écoutes successives- je décide de rentrer. Dans le taxi, je n’ai aucun souvenir de ces deux dernières heures, aucun souvenir des rues que j’ai empruntées, aucun souvenir de bruit. Rien. J’ai le sentiment de sortir d’une séance de thérapie musicale- vous avez là la définition d’une oeuvre artistique réussie.

Dans le calme et la noirceur du Plateau, j’écoute et réécoute les morceaux, les notes, les sonorités, les tempos ; je reviens sur des passages, 2,3, 4 fois. Si c’était un parfum, on parlerait des notes qui la composent. Finalement en musique comme en parfumerie on parle en termes de notes. WizKid vient de fabriquer son premier parfum.

Vous n’allez pas entendre des morceaux à la Soco, pas de Jaiye Jaiye, encore moins de show you the money. On est dans du Ojuelegba, purifié, raffiné, filtré. Comme si l’artiste l’avait conçu comme un de ses rares whisky qu’on prend après un bon dîner, assis dans un fauteuil en cuir, un cigare en bouche ; ou pour cette soirée entre vieux amis qui ont connu les joies et les peines de la vie et qui aujourd’hui prennent cette même vie dans sa douceur, loin du stress inutile de la vie. Il y a d’ailleurs un titre intitulé No stress. L’oeuvre est effectivement aux antipodes de la tourmente sanitaire qui frappe le monde, loin de les cris de justice et de respect des droits de l’homme qui ont frappé le Nigeria ces dernières semaines. Comme une invitation à embrasser ce que le monde a de mieux à nous offrir.

La trompette, la guitare basse, les tonalités reggae sont présentes…. les featuring de l’incontournable Burna Boy sur Ginger, la star montante Tems sur Essence, Ella Mai sur Piece of me, Tay Iwar & Projexx sur True Love)… Sur Gyrate- ma préférée- pendant 10 secondes, Wizkid prend la voix d’un homme qui n’a pas envie de chanter (il aurait dû le faire plus longtemps).

Et la question qui me revient est de savoir l’état d’esprit dans lequel Wizkid et Richard Isong ont pensé, réfléchi, monté, produit, arrangé, finalisé ce truc pour arriver à un produit si exquis.

En me mettant à écrire, je me suis dit Made in heaven ferait un bon titre- je me suis ravisé. Non Made in Lagos n’a pas été produit in heaven- ce serait arracher à l’artiste son Wiz, son génie. Il n’a pas non plus été fait à Lagos. Il a été fait là où les génies vont puiser dans les profondeurs de leur talent et vision pour nous servir une œuvre qui fera date.

Made in Lagos n’est pas un album de musique, ce serait trop réducteur. Je pourrais aligner les superlatifs mais inutile. Made in Lagos, c’est la perfection musicale, la symphonie parfaite.

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